Chronique PAI 2022: Ici, sans toi

Ici, sans toi

Auteur: Loïc Gry

Édition : Auto-édité

Date: 2021

Genre: Polar

Logo du PAIEn compétition pour le Prix des Auteurs Inconnus 2022, catégorie « Littérature Noire »

En bonne Normande de naissance, j’ai toujours envisagé nos voisins Bretons d’un œil dubitatif et tendre au-dessus de mon camembert aux pommes flambées au calva. Ah, mystérieuse région de Bretagne, vibrante des chants de marins et des courses de Korrigans ! Tu n’auras pas le Mont-Saint-Michel, mais au moins, quel cadre exceptionnel, sauvage et mystérieux tu offres ! Alors, le polar Ici, sans toi, rend-t-il plus hommage à tes splendeurs indomptées ou à tes éclipses (le Mont-Saint-Michel est à nous, dé!) ?

La nuit est belle, parsemée d’étoiles qui se dessinent à l’horizon.
Étendue sur un buis d’oyat, elle observe l’immensité des cieux.
Le frémissement des vagues sur la roche berce l’île, mais elle ne le perçoit pas.
Elle sent la corde serrer de plus en plus son cou, asphyxiant progressivement ses poumons. Elle ne se débat plus, se contente d’observer, abasourdie, la beauté qui se dessine devant elle.
Les mains qui l’étreignent appuient de plus en plus fort sur sa gorge. Une dernière bouffée d’air salée, l’instant d’après, elle s’éteint.
La nuit. L’obscurité. Éternelle.
Cette nuit-là, Paul, ancien flic des Stups, quadragénaire divorcé et mélancolique est appelé pour une disparition : la fille unique d’un riche homme d’affaires de La Baule vient de s’évaporer en mer. Très vite, son cadavre est retrouvé sur l’île des Évens, mais une chose intrigue Paul, un détail, morbide, sur le corps de la jeune fille : ses tympans, ils ont été percés, de son vivant.
Alors, crime passionnel ou pulsion mortelle ?

Ah, les nébuleuses lyriques, les ruptures stylistiques, la confusion narrative, la ponctuation aléatoire et la grandiloquence exaltée! Dans une quatrième de couverture, c’est alléchant. Durant 450 pages de roman policier, on s’en lasse vite. Surtout lorsque la plume est brouillonne, au vocabulaire parfois inadéquat, bourrée de verbes ternes et de locutions toutes faites qu’elle accumule les uns sur les autres dans des excès de volonté poétique incongrus. Il faut que vous pleuriez, lecteurs. Et, dans ce but, l’auteur ne se contente pas de sortir les violons. Non, il vous sort les violons, le clavecin et un joueur de tuba sous Alprazolam, une fin d’après-midi d’octobre sur la plage du Havre, avec Arielle Dombasle qui vous souffle dans le cou « Il faut… que tu … pleures. Oh ! Pleure ! »

Vous l’aurez compris, chez moi, l’effet de cette constante surenchère fut plutôt inverse. Je me suis accrochée cependant, pour tâcher de suivre cette intrigue dans ses molles lenteurs comme dans ses raccourcis bien épais. Certains basculent même dans les incohérences les plus complètes, certaines scènes s’empêtrent dans un désir de pseudo-réalisme démenti par leur propos, les messages socio-politiques sont assénés avec moins de subtilité qu’une baffe de mon adjudant-chef, et la narration oscille sans logique aucune d’un personnage à l’autre.

Ceux-ci sont pourtant des plus classiques, les stéréotypes indispensables du genre : le méchant riche qui contrôle la justice (bouh), le héros solitaire et torturé, le vieux loup de mer qui n’a jamais vu une affaire pareille, et la meuf. Une bonnasse décrites comme toutes les autres, d’ailleurs, la meuf, à l’exception d’un seul personnage féminin (mais elle est grosse et vieille, CQFD…)

Alors je n’ai rien contre ce que l’on appelle, injustement pour ces messieurs d’ailleurs, le male gaze, c’est à dire la description d’un personnage (souvent une femme) appuyant sur les parties de son corps ou ses attitudes les plus sexualisées. Ça peut-être un moyen efficace et pertinent d’exposer la psychologie d’un personnage, le regard qu’il porte sur le monde, comme la façon dont il ou elle est perçu. Eh, puis bon, qui a quelque chose contre un beau cul ? Après, quand il s’avère que les descriptions de beaux culs malhabiles s’enchaînent comme un remplissage racoleur et une énième tentative de susciter l’empathie, je préfère aller sur Tik-Tok, au moins il y a le son.

Je n’ai pas retenu grand-chose de cette lecture, qui pêche par ses excès lyriques, son manque de rigueur dans la recherche comme la relecture et ses personnages stéréotypés. L’idée de base n’en demeure pas mauvaise, mais piétine sur ses gros sabots durant bien trop de pages.

Tom Larret

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