De ci de là, vous avez pu entendre claquer les semelles anti-feu anti-glisse anti-chocs de ses rangers luisantes au travers d’une de mes chroniques, alors qu’il fend mes articles pour lancer, d’une voix rogue suintant l’autoritarisme et la mauvaise foi, quelqu’aphorisme de son cru aussi dénué de finesse que de courtoisie.
Mon adjudant-chef hante ce blog à grandes enjambées raides, les épaules en arrière, le torse bombé, les mains croisées dans le dos et le sourcil ombrageux. Figure inquiétante et ridicule tout en même temps, il commente et illustre mes phrases avec un mépris imbécile mêlé d’un rigorisme nigaud. Prétexte comique, antipathique allégorie ou personne réelle, mon adjudant-chef ? Réfléchissez bien, vous en avez vous-même certainement rencontré, des créatures de cette trempe, donc vous connaissez déjà la réponse…
Mais pourquoi le laissé-je faire, vous demanderez-vous ? Eh bien, déjà, parce que j’en ai peur. Et puis, parce qu’il n’est pas impossible que son absence totale de souplesse, de recul et d’esprit critique lui assure dans le même temps une imperméabilité parfaite aux doutes, aux incertitudes et au sentiment d’illégitimité. Hermétisme que je lui envie parfois. Il n’y a pas de place pour l’hésitation sous le képi de mon adjudant-chef, c’est là tout son génie et toute sa bêtise. Après tout, chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir…
Les chroniques de Guensorde 